Couvent franciscain obs. Ste-Marie de Şumuleu Ciuc / Csíksomlyó

Rédaction : Terminée

1 - Identifiants et bref historique du couvent


Identité

Auteur principal : de CEVINS Marie-Madeleine
Auteur(s) secondaire(s) :
Ordre : OFM Obs
Numéro sur les cartes : 274
Coordonnées (lon,lat) : 46.378843, 25.825631
Fonction du couvent :
Proximité lieu de rassemblement :
Présence d'un autre couvent mendiant : Non

Carte

Résumé

1400  Autorisation pontificale de fonder un couvent franciscain dans ce lieu (Billich), parmi quatre localités

1441  Première mention de ce couvent, en tant que création de Jean de Hunyad, avec pour vocation d'encadrer les populations sicules et de servir de point de départ aux missions anti-hussites programmées en direction de la Moldavie

1448  Fin des travaux de construction de l'église

1462  Mathias Corvin confirme les privilèges reçus de Jean de Hunyad en 1442

1515  Le voïvode de Transylvanie Jean de Szapolya confirme les privlèges reçus de Mathias Corvin et de Jean de Hunyad

1535-1570  Mention d'une communauté de tertiaires rattachée à ce couvent, qui avait un confesseur (1535) et avait la charge des tertiaires de Braşov depuis 1531

1552-1553  Couvent incendié par les troupes du voïvode de Moldavie

1626  Après un demi-siècle de dépeuplement continu, le couvent accueille de nouveaux frères

 

Ce couvent, l'un des rares à avoir fonctionné sans discontinuité depuis le Moyen Âge, reste le lieu de pèlerinage des "Sicules", qui vénèrent en particulier la statue de Marie réalisée autour de 1520.

Localité

Localité actuelle : Şumuleu Ciuc
Localité en allemand :
Localité en hongrois : Csíksomlyó
Localité en latin médiéval : Chyk, Chiik, Somlyo
Type de localité : Bourgade
Sociographie de la localité : Paysan(s)

Fondation

Date de fondation : 1441

Fondateur

Fondateur : Jean de Hunyad
  • 1509 : moins de 12 frères (couvent désigné comme locus)
  • 1535 : 14 frères (dont 7 prêtres, 1 novice, 6 frères lais)
  • 1562-1572 : 7 à 8 frères
  • 1601 : un seul frère, âgé et aveugle
  • 1626 : repeuplement du couvent

2 - Documentation connue sur le couvent


Bibliographie générale

BOROS Fortunát, Az erdélyi ferencrendiek [Les Franciscains de Transylvanie], Cluj-Kolozsvár, 1927

GYÖRGY József, A ferencrendiek élete és mükődése Erdélyben, Cluj-Kolozsvár, 1930

KARÁCSONYI János, Szent Ferencz rendjének története Magyarországon 1711-ig, Budapest, 1922-1924, t. II, p. 26-34

ROMHÁNYI Beatrix, Kolostorok és társaskáptalanok a középkori Magyarországon, Budapest, 2000, p. 19

RUSU Adrian Andrei (dir.), Dicţionarul mănăstirilor din Transilvania, Banat, Crişana şi Maramureş, Cluj-Napoca, 2000, p. 172-174

Aspects économiques

BOROS Fortunát, A csiksomlyói harminckét Confrater [Les trente-deux confrères de Csiksomlyó], Kolozsvár, 1923.

Sources

Sources manuscrites

Budapest, Magyar Nemzeti Levéltár [Archives Nationales Hongroises], Országos Levéltár (MNL)

  • DL 29090 (= confirmation des privilèges des vitrici seu confratres du couvent par le voïvode de Transylvanie Jean de Szapolya, 28 juillet 1519, transcription – la notice MNL indique "26 juillet")

 

Sources imprimées :

BUNYITAY Vincze, RAPAICS Rajmond, KARÁCSONYI János, Monumenta ecclesiastica tempora innovatae in Hungaria religionis. Egyháztörténelmi emlékek a magyarországi hitujítás korából, Budapest, t. I-V, 1902-1912, t. II, p. 515 (= droit de quêter du vin dans un village, 1550)

LUKCSICS Pál (éd.), Diplomatica Pontificum saeculo XV. XV.századi pápák oklevelei, Budapest, 1931-1938, t. I, p. 220 n° 832 (= indulgences du 27 janvier 1445, regeste)

SZABÓ Károly (éd.), Székely oklevéltár, t. 1, Kolozsvár, 1872, I, p. 153-154, n°124 (= indulgences du 27 janvier 1445 /"1444") et  p. 340-342 n° 242 (= confirmation des privilèges des vitrici seu confratres du couvent, 28 juillet 1519) [édition fautive]

 

3 - Discours et normes économiques des frères du couvent


4 - Décideurs, agents et intermédiaires économiques


Agents externes

Type Date Nombre Désignation Attribution Détail
Confrater, Vitricus 1442, 1462 (2 décembre), 1519 (28 juillet) 32 élus avec l'accord des frères gestion, approvisionnement, ?

Le 28 juillet 1519, à la demande du gardien du couvent nommé Jean de Gyula, le voïvode de Transylvanie Jean de Szapolya, confirme les privilèges antérieurement accordés aux confratres du couvent par Jean de Hunyad (en 1442) puis par Mathias Corvin (2 décembre 1462, charte que lui a apportée le gardien), par lesquels plusieurs habitants (au nombre de 32 dès le règne de Mathias) portant le titre de vitrici seu confratres et placés au service des frères étaient déclarés exempts de toute taxe, contribution ou obligation.

La charte précise qu'ils étaient nommés avec l'assentiment des frères et ne pouvaient être destitués ou jugés dans leur accord : 

ut nemo omnino hominum eosdem vitricos sew confratres ecclesie predicte ad aliquod officium sew servicium sine ipsorum fratrum voluntate eligere, nullusque ad deponendum juramentum citare, aut quoquomodo iudicare posset et valeret. [SZABÓ (éd.), p. 341]

Mathias les avait exemptés, eux et leurs successeurs, de leurs obligations militaires et de toute taxe sur leurs maisons : 

Insuper quod idem serenissimus Matthias Rex eosdem triginta duos confratres, futurosque eorum successores, ab omni expedicione bellica tam generali quam particulari, ingressioneque lustracionum, domos etiam eorum ab omni censuum, taxarum, decimarum, nonarum, capeciarum, serviciorum quorunlibet plebeorum et civilium exhibicione, contribucionum nostrarum tam ordinariarum quam extraordinariarum solucione exemptos et immunes semper esse voluerit, concesserit et iusserit. [p. 341]

Le voïvode accepte de confirmer ces privilèges, au nom du roi Louis, à condition seulement que les confratres accomplissent leur service pour le compte du couvent en obéissant aux ordres donnés par les frères, sans quoi ils seraient affectés à un autre couvent :

ea tamen condicione, ut iidem confratres ipsorumque successores universi modo consuetudo ad predictum claustrum inservire, iussaque fratrum exequi teneantur, si qui contumaces obedire nollent, alii loco ipsorum assignentur. [p. 341-342]

< SZABÓ (éd.), p. 340-342 n° 242 ; MNL DL 29090

Quelle était la tâche exacte de ces hommes étonnamment nombreux ? S'agissait-il de protecteurs armés, d'artisans chargés d'accélérer la construction des bâtiments, de paysans cultivateurs plaçant leurs bras au service des frères, ou bien d'intendants comme dans les autres couvents de l'Observance franciscaine ?

Fortunát Boros considère que la date de 1442 est fausse et qu'il faut la remplacer par 1447, à une période où la construction du couvent n'était pas encore terminée. Les 32 "confrères" étaient du personnel (ou main d'oeuvre gratuite) mis à la disposition des frères pour terminer les travaux.
< BOROS, p. 27-30

La terminologie employée, leur soumission aux membres de l'Ordre et le mode de rémunération appliqué (exemption fiscale et militaire) les rapprochent pourtant des autres intendants de couvent (procurator, confrater).

Cela ne répond pas à la question de savoir pourquoi ils étaient si nombreux. Seule explication plausible compatible avec le modèle observant : l'afflux de pèlerins (selon la bulle d'indulgences de 1445), un afflux tel qu'il fallait un personnel important pour gérer les dons induits.

5 - Biens et revenus fonciers (stables) du couvent


Evolution :

Bien qu'aucune source ne mentionne de biens fonciers appartenant au couvent ou exploité par lui, le nombre très élevé (32) de vitrici seu confratres mentionnés en 1462 puis 1519 comme étant placés au service des frères – voir Décideurs) pourrait laisser entendre que ces derniers n'étaient pas simplement des agents comptables (chargés entre autres de la gestion des aumônes et du produit des quêtes) mais aussi des exploitants, cultivateurs ou paysans travaillant pour le compte des frères.

Toutefois, l'appartenance de ce couvent à l'Observance rend peu plausible ce scénario au milieu du XVe siècle. L'importance du flux de pèlerins (et donc de dons) en direction de ce couvent pourrait expliquer le nombre de ces intendants.

6 - Biens et revenus non fonciers du couvent


Type de bien : Quête
Date de mention : 1550
Observations :

En 1550, le chapitre provincial décide que seuls les frères de ce couvent pourront quêter du vin dans le village de SenereușSzénaverős (à environ 140 km !), dans le comitat de Târnava-Mică Kisküküllő : 

Item fratres Chykienses habeant pro questa vinaria Zenaheweres.

< KARÁCSONYI, II, p. 28 ; BUNYITAY et alii (éd.), II, p. 515

7 - Structure des dépenses du couvent


8 - Cadre de vie des frères : bâtiments et équipement


Église conventuelle

Période Etat Nef - Choeur - Plan Ornementation
1441-1448

L'église actuelle date du début du XIXe siècle.

Plan originel calqué sur celui de l'église du couvent de Teiuş / Tövis. Choeur allongé.

Clocher unique en briques érigé sur le modèle de celui de l'église de Târgu Mureş / Márosvásárhely.

< ROMHÁNYI, p. 19

Une description tardive, celle de l'auteur franciscain Leonárd Losteiner (mort en 1826) peu avant la démolition de l'église actuelle, mentionne une  fresque représentant une Crucifixion sur le mur occidental, avec Marie, Jean et François d'Assise, et la date de "1448".

< KARÁCSONYI II, p. 26

Statue de la Vierge Marie (v. 1520)

Source 

 

Bâtiments conventuels

S-Ens. Equip. Obs.
Scriptorium, Bibliothèque Livres

Bibliothèque mentionnée en 1444.

Atelier d'écriture (et de reliure) mentionné vers 1500.

9 - Economie du salut


Indulgences

Date Donneur Indulgence
1445 Pape

Le 27 janvier 1445, le pape Eugène IV accorde 7 ans d'indulgence, à la fête de la Visitation, à tous les visiteurs et contributeurs de la construction de l'église de ce couvent, récemment construite et inachevée : 

ad ecclesiam beate Marie... domus ordinis fratrum minorum de observantia, que in territorio ville Somlyo Transsilvane diocesis... de novo construi cepta et adhuc in suis structuris et edificiis perfecta non existit.

< SZABÓ (éd.), I, p. 153-154, n°124 ; LUKCSICS (éd.), II, p. 220 n° 832 

Pèlerins

La bulle d'indulgences de 1445 précise que l'église attirait déjà des pèlerins et affirme son intention de maintenir ce flux : 

ad ecclesiam beate Marie [...] ingens fidelium multitudo devocionis causa confluere consueverit, ac dietim non cessat confluere

< SZABÓ (éd.), I, p. 153-154, n°124

10 - Autres