Le 9 novembre 1420 (?, année effacée), Étienne de Kanizsa, ancien grand huissier royal (ianitorum regalium magister) et actuellement ispan de Sopron, cède, avec son fils Ladislas, de très nombreux biens en possession perpétuelle (perpetuo et irrevocabiliter possidendas, tenendas pariter et habendas),à ce couvent, avec l’accord de Jean fils de feu Nicolas de Kanizsa, ancien trésorier royal, et frère d’Étienne.
Il le fait pour le salut de leur âme, pour celle de son oncle feu Étienne de Kanizsa évêque de Zagreb et de feu son frère Jean de Kanizsa, archevêque d’Esztergom, et pour celles de leurs prédécesseurs et successeurs vivants et morts.
Beau préambule sur la valeur salvifique de l’aumône sous-tendue par l'intention pure et la dévotion :
Cum salus eterna beatitudoque regni celorum bonis operibus et iustis elemosinis pura intencione veraque devocione totis viribus sint comparanda […], nos cupientes choris angelorum interesse, cum beatissimisque spiritibus glorie Conditoris assistere, splendidissimumque vultum Christi intueri, incorrumcionis perpetue munere letari, ob remedium et salutem anime nostre…–
Liste des biens (voir aussi Biens fonciers et non fonciers) :
- 1 ferme à Szentgyörgy (proche d’Eisenstadt) avec ses dépendances
- 1 pré avoisinant à Szentgyörgy
- plusieurs terres de labour à Hőflány,
- 1 pré à Hőflány
- 60 tonneaux de vin chaque année sur le péage (de tributo) de Höflány
- 30 blocs de sel du péage du castrum de Szarvkő ( ?)
- le cens (tributum agrorum de possessionibus nostris...) de 3 villages
- le predium de Magyartelek alias Magyarülés proche de leur castrum de Oszlop, avec ses dépendances.
Cette donation est assortie de l'interdiction faite aux supérieurs de l’ordre (nullus prelatorum predicti ordinis) de retirer aux frères du couvent Saint-Jean-l’év. quoi que ce soit de cette « aumône » (quidquam elemosine nostre iamdate quoquomodo vendere aut alienare possit)
et interdiction aux castellani et officiales des donateurs de prélever des bœufs et autres pièces de bétail (boves et pecudes) qui paissent à Magyartelek (super dicto predio nostre Magyartelek depasceret).
Aucun service spirituel particulier n'est demandé aux frères en contrepartie.
< NAGY (éd.), Sopron vármegye, t.II, p. 55-56 ; MNL DL 20889
Remarques :
Le donateur considère que le salut de son âme et de celle de ses proches, obtenu par l'aumône particulièrement importante, en biens fonciers notamment, qu'il effectue à l'intention de ce couvent, est plus importante que l'exigence de pauvreté franciscaine. À la fin de l'acte, établi par le donateur seul, sans intervention d'un représentant de l'Ordre, le ton est aussi injonctif envers les supérieurs de l'Ordre qu'envers les agents seigneuriaux. Le donateur tend ainsi à réserver ces biens à ce couvent-là, alors que le fonctionnement des ordres mendiants prévoyait, en cas de besoin, un rééquilibrage entre couvents (plus ou moins biens lotis) à l'intérieur de la province ou de la custodie. Ce document montre donc la pression qui s'exerçait sur les frères mendiants, du moins sur ceux fondés ou patronés par des membres de l'aristocratie, en matière de lecture et d'application de la pauvreté. Aux yeux des donateurs, ils étaient assimilés à des moines.
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