Couvent franciscain Sainte-Marie d'Eger

Rédaction : Terminée

1 - Identifiants et bref historique du couvent


Identité

Auteur principal : de CEVINS Marie-Madeleine
Auteur(s) secondaire(s) :
Ordre : OFM
Numéro sur les cartes : 118
Coordonnées (lon,lat) : 47.906197, 20.37739
Fonction du couvent :
Proximité lieu de rassemblement :
Présence d'un autre couvent mendiant : Oui

Carte

Sceau

Sceau attesté en 1306, dans un acte dressé par le gardien du couvent nommé Jacques et le lecteur du même couvent Michel, qui transcrivent une charte de privilèges concernant les dîmes, à la demande du chapitre cathédral d'Eger.

Le sceau du couvent, perdu, y est explicitement mentionné :

presentes concessimus litteras sigilli nostri munimine roboratas.

< MNL DF 209920 ; KARÁCSONYI I, p. 158

Il est employé également (mais perdu) dans une charte de 1307.

< MNL DF 209984

 

Résumé

1239 (?)  Fondation du couvent d’Eger par l’évêque de la ville, Kilit, selon la tradition rapportée au XVIe siècle

1300  L’église de ce couvent est mentionnée comme lieu de pèlerinage (en l'occurrence, judiciaire)

1489-1490  Le roi Mathias Corvin s'étant plaint du relâchement de la discipline dans ce couvent, le pape ordonna aux frères de s'amender en mars 1490

1552  Au moment du siège d'Eger, occupation du couvent par les Ottomans, qui y entreposaient leurs canons, puis destruction du couvent et de l'église. 

Le site du couvent a été réutilisé ensuite par les Servites.

Localité

Localité actuelle : Eger
Localité en allemand : Erlau
Localité en hongrois : Eger
Localité en latin médiéval : Agria
Type de localité : Cité épiscopale
Sociographie de la localité :

Custodie - Province - Pays

Custodie : Eger
Province mendiante en 1500 : Hongrie
Pays actuel : Hongrie

Fondation

Début date de fondation : 1239
Fin date de fondation : 1300
Date de fermeture : 1552

La tradition franciscaine faisait remonter la fondation de ce couvent à 1219, qui serait le plus ancien de Hongrie mais sa création remonte (au plus tôt) à la fin des années 1230.

< KARÁCSONYI I, p. 158

Fondateur

Couvent de taille imposante, à en juger par les nombreux chapitres provinciaux qui s'y réunirent de 1340 à 1537 (1340, 1368, 1387, 1393, 1454, 1477, 1537).

C'était le siège d'une custodie dès le début du XIVe siècle.

2 - Documentation connue sur le couvent


Bibliographie générale

KARÁCSONYI János, Szent Ferencz rendjének története Magyarországon 1711-ig, Budapest, 1922-1924, t. I, p. 158-161

KÓSA Eugenius, Antiquarii provinciae sanctae Mariae in Hungaria ordinis Minorum a.p.n. Francisci strictioris observantiae collectanea 1206-1774 [inédit]

ROMHÁNYI Beatrix, Kolostorok és társaskáptalanok a középkori Magyarországon, Budapest, 2000, p. 22

Sources

Sources imprimées

IPOLYI Arnold, NAGY Imre, PÁUR Iván, RÁTH Károly, VÉGHELY Dezső (éd.), Hazai okmánytár. Codex diplomaticus patrius, Győr-Budapest, 1865-1891 [Hazai Okm], t. VII (Budapest, 1880), n°254 p. 300-301 (= mention de ce couvent comme lieu de pèlerinage judiciaire dans une sentence du castellanus de Boldvakő authentifiée le 31 octobre 1300)

MAKSAY Ferenc (éd.), Urbáriumok XVI–XVII. század, Budapest, 1959 (Magyar Országos Levéltár kiadványai, II. Forráskiadványok 7), p. 734 (= mention en 1578 d'un pré ayant jadis appartenu aux frères du couvent Sainte-Marie d'Eger, dans un registre dressé en 1687)

FRAKNÓI Vilmos, LUKCSICS József (éd.), Monumenta Romana episcopatus Vesprimiensis. A veszprémi püspökség római oklevéltára, t. I-IV, Budapest, 1896-1907 [MREV], t. III, p. 316 (=  rappel à la discipline lancé par le pape le 1er mars 1490 à la demande du roi Mathias Corvin)

NAGY Imre, DEÁK Farkas, NAGY Gyula (éd.), Hazai oklevéltár (1234-1536), Budapest, Magyar Történelmi Társulat, 1879 [Hazai Okl], n°298, p. 329-332 (p. 331 = legs de 2 florins en 1400 par le prêtre Étienne)

Sources manuscrites

Magyar Nemzeti Levéltár [Archives Nationales Hongroises], Országos Levéltár (Budapest)

MNL DF 209920 (= transcription authentique effectuée par le gardien et le lecteur du couvent d'Eger, à la demande de représentants du chapitre cathédral d'Eger, d'une charte sur les dîmes établie par l'évêque d'Eger en 1275 en faveur du chapitre cathédral d'Eger, avec mention du sceau du couvent, 22 août 1306)

MNL DF 209984 (= donation de l'évêque d'Eger, avec sceau du couvent et du chapitre cathédral d'Eger, 22 novembre 1307 )

MNL DF 209986 (= acte de vente du terrain reçu en don de l'évêque d'Eger en 1307, 30 mars 1326)

MNL DF 287016 (= don au couvent de 12 marcs par Blaise de Nyomár sur une hypothèque, confirmé par l'évêque d'Eger Nicolas, 22 mai 1361)

MNL DF 209969 (= transcription de deux chartes concernant un moulin, à la demande des frères, 20 juin 1401) 

3 - Discours et normes économiques des frères du couvent


Bilan

Dans la charte de donation du 22 novembre 1307 (celle par laquelle il concède un terrain au couvent), l'évêque d'Eger nommé Martin loue la pauvreté volontaire pratiquée par les frères, élément central de leur "élection" et d'une vie qui plaît à (ou rend propice) Dieu : 

Sane tum viri religiosi fratres ordinis fratrum minorum de Agria ex eorum paupertate voluntarie electa, vitam Deo ducant placibilem...

< MNL DF 209984

4 - Décideurs, agents et intermédiaires économiques


5 - Biens et revenus fonciers (stables) du couvent


Type de bien : Terrain dans la ville
Première mention : 1307
Dernière mention : 1326
Provenance : Donation
Possession :

Ce terrain (sessio curie) appartenant à l'évêque d'Eger avait été initialement confié aux soins du père d'un chanoine d'Eger nommé Edus, en tant que comes condicionalis (nommé Jean). Mais les habitants (locataires?) qui s'y trouvaient endommageaient les bâtiments conventuels voisins (ex inhabitantium malicia multas inquietitudines et multa rerum dampna sustenuerint).

C'est la raison pour laquelle l'évêque d'Eger nommé Martin décida de céder ce terrain au couvent Sainte-Marie (monasterio beate virginis et fratribus minoribus de Agria), représenté par le gardien nommé Jacques, pour la tranquillité des frères, avec l'accord du chapitre cathédral, le 22 novembre 1307.

Ce terrain était situé entre le couvent Sainte-Marie et la rivière Eger : "inter claustrum eorum et fluvium Egur a parte occidentali". 

L'évêque concède ce terrain au couvent en pleine propriété : "contulimus, dedimus et donavimus perpetuo possidendam et habendam".

< MNL DF 209984 ; KARÁCSONYI I, p. 159

Distance : Contigu
Position : à l'ouest du couvent, entre le couvent et la rivière Eger
Valeur monétaire : 10 marcs de Prague en 1326
Evolution :

Ce terrain (fundum ipsorum circa fluvium Egur a parte occidentali et inter claustrum ipsorum existentem, qui avait été donné par l'évêque Martin) a été vendu par les frères de ce couvent, représentés par le gardien Barthélemy et le lecteur Paul, en leur nom et en celui du provincial franciscain de Hongrie nommé Jean, le 30 mars 1326, ceci devant l'évêque d'Eger (Csanád de Telegd), au chanoine d’Eger, vicaire général et archidiacre de "Sumbon" (Pâncota/Pankota/Somboly) nommé Pierre. 

Prix : per decem marcis grossorum bohemicalium cum marca Budensi

Raison invoquée pour cette vente : la nécessité urgente pour eux de réparer le mur du couvent (voir infra).

L'acquéreur le confie temporairement à son frère, nommé Jacques, à la condition qu'il le lui rétrocède à sa demande – ceci peut-être pour l'empêcher de causer du tort aux frères, comme l'avaient fait es occupants précédents, selon János Karácsonyi.

< MNL DF 209986 ; KARÁCSONYI I, p. 159

Nom : Maklár
Première mention : 1401
Dernière mention : 1401
Possession :

À la demande du gardien du couvent d'Eger, Clément, le chapitre cathédral d'Eger transcrit deux chartes (l'une du chapitre d'Eger datée du 29 juin 1363, l'autre de l'évêque d'Eger nommé Étienne datée du 11 mai 1390) qui concernent un moulin situé à Maklár (de villa Maklar)  - village situé à 13km au sud d'Eger - le 20 juin 1401.

< MNL DF 209969

Il est donc probable que les frères en aient possédé au moins une part – même si la charte (pourtant très longue) ne le précise pas.

< KARÁCSONYI I, p. 160

Revenus fonciers : Production agricole
Evolution :

 

Type de bien : Pré
Nom : Demjén
Première mention : 1578
Dernière mention : 1578
Possession :

Un registre fiscal de type censier, rédigé (ou plutôt compilé) en 1687, mentionne l'ancien pré ayant appartenu aux Frères mineurs du couvent d'Eger à propos de redevances en nature levées à Demjén (à environ 12 km d'Eger), entre autres en 1578.

Ce pré procurait alors entre 6 et 20 meules ou charretées (plaustrum/-a) de foin.

Servitia. Est ibidem unum pratum, quod prius fratrum monachorum claustri Beatae Virginis Agriae fundati praefuit, quod tenentur falcare, falcata cumulare, cumulata Agriam importare, quod cum tempus favet, profert foeni plaustra 20, nonnunquam sex tantum, et anno 1578 quoque.

< MAKSAY (éd.), Urbáriumok, p. 734.

Distance : 12 km

6 - Biens et revenus non fonciers du couvent


Date de mention : 1306
Observations :

Activité d'authentification attestée en 1306 (22 août), dans la charte, scellée du sceau du couvent, dressée par le gardien du couvent franciscain d'Eger nommé Jacques et le lecteur du même couvent nommé Michel, qui transcrivent une charte de privilèges concernant les dîmes et accordée en 1275  au chapitre cathédral d'Eger par l'évêque d'Eger nommé André, à la demande des représentants du chapitre cathédral d'Eger.

Aucune rétribution n'est toutefois indiquée dans le document.

< MNL DF 209920

Date de mention : 1434, 1466
Observations :

Le 10 avril 1434, en raison d'un probable conflit avec les curés de paroisse de la ville, le custode du chapitre cathédral d’Eger, André, et le gardien du couvent Sainte-Marie d'Eger, frère Émeric, dépéchèrent auprès du chapitre cathédral le prédicateur Étienne et ils firent transcrire ensemble, avec ce dernier, la bulle du pape Martin V selon laquelle la dépouille des fidèles ayant demandé à être ensevelis chez les frères n’avait pas besoin d’être transportée dans un premier temps dans leur église paroissiale mais pouvait être déposée directement dans l'église des Frères mineurs.

Ces privilèges reçurent une nouvelle confirmation en 1466, à la demande du custode du chapitre cathédral d'Eger nommé Benoît d'Esztergom, qui se rendit pour cela auprès de l'évêque d'Eger Ladislas de Hédervár et transcrivit avec lui ces privilèges.

Transcriptions multiples, successives, insérées dans le bullaire du couvent, à partir de la fin du XVe siècle en remontant jusqu’à Martin V.

< KÓSA, p. 138-145 ; KARÁCSONYI I, p. 160 (d'après Archives franciscaines de Bratislava, Lad. XXXVI n°3 et 11)

7 - Structure des dépenses du couvent


8 - Cadre de vie des frères : bâtiments et équipement


Église conventuelle

Etat Equipement Phases Observation

Église originelle entièrement détruite.

Orgue mentionné en 1533, au chapitre provincial d'Oradea / Nagyvárad, qui charge le nouveau ministre provincial de trouver un frère organiste pour ce couvent doté d'un orgue mais ne comptant pas d'organiste parmi les frères.

< KARÁCSONYI I, p. 161 ; KÓSA, p. 224-226


Réfection
  • 1326 :

La vente du terrain effectuée en 1326 (voir supra) est motivée par la nécessité urgente de réparer les murs du couvent : 

quia murus eiusdem claustri ipsorum propter vetustatem sui operis, necessario constructione indigebat, ac alias necessitates se habere dicebant 

< MNL DF 209986

  • 1361

La somme de 12 marcs cédée par Blaise de Nyomár (voir infra), sur l’hypothèque de sa propriété de Sajólád, avait pour but d'aider les frères à reconstruire leur couvent : ad opus claustri beatissime virginis Marie.

< MNL DF 287016

 

9 - Economie du salut


Testaments

Date Testateur Sociographie Legs Détail
1400 Étienne de Göböl, prêtre Membre(s) du bas clergé séculier 2 florins d'or

En 1400, juste avant de partir en pèlerinage pour Rome, le prêtre Étienne, fils de Pierre dit de Göböl de Tót-Kálló (dominus Stephanus presbiter filius Petri dicti Gewbul de Tothkallo) et chapelain de l'évêque d'Eger nommé Étienne, légua par testament 2 florins d'or au couvent, à prélever sur une somme qui lui était due : 

Item Johannes Isten dictus de Agria tenetur michi VIII florenis auri quos pecierat a me ad iter Romanum, ex quibus duos lego Caustro (sic) beate Marie virginis in Agria.

C'est un des nombreux dons du testament, qui lègue aussi 2 florins aux Ermites augustins de la ville et 1 florin aux églises Saint-Michel, Saint-Jacques, Saint-Ladislas et Saint-Étienne-roi de la cité d'Eger : 

Ego vir discretus Stephanus presbiter filius Petri dicti Gewbol de Thothkallo, capellanusque reverendissimi in Christo patris domini Stephani condam episcopi ecclesie Agriensis […] Item Johannes Isten dictus de Agria tenetur michi 8 florenis auri quos pecierat a me ad iter Romanum, ex quibus duos lego caustro [sic] beate Marie virginis in Agria. Item duos claustro beati Nicolai confessoris de eadem, Item unum lego ecclesie beati Mychaelis Archangeli de eadem. Item unum lego ecclesie beati Jacobi apostoli de eadem, Item unum ecclesie beati regis Ladislai de eadem, Item unum lego ecclesie sancti Stephani regis in castro de eadem.

Dans le cas des Franciscains, le testateur ne demande pas de service spirituel.

< KARÁCSONYI I, p. 160 ; Hazai Okl n°298, p. 331

1361 Blaise de Nyomár Noble(s) de niveau intermédiaire ou inférieur 12 marcs

En 1361, noble Blaise de Nyomár, fils de Simon, vivant près d’Edelény (dans le comitat de Borsod), cède par testament 12 marcs (duodecim marcas) pris sur l'hypothèque de sa propriété de Sajólád pour aider les frères à reconstruire leur couvent (ad opus claustri beatissime virginis Marie). Le don fut authentifié devant le curé de Sajószentpéteri et vice-archidiacre de Felborsod nommé Paul, devant le curé d'Edelény nommé Nicolas, devant le curé de Szirák nommé Nicolas et devant le prêtre vicaire de l'église d'Edelény nommé Émeric.

Ceux-ci obtinrent la validation de ce testament – qui comporte d'autres dons à diverses personnes – par l'évêque d'Eger nommé Nicolas, au vu dudit testament, le 22 mai 1361.

< MNL DF 287016 ; KARÁCSONYI I, p. 160

Autres dons

Date Donateur Sociographie Dons
1307 Martin, évêque d'Eger Membre(s) du haut clergé séculier

Don d'un terrain contigu au couvent (voir Biens fonciers) par l'évêque d'Eger nommé Martin, le 22 novembre 1307.

Le don est consenti "(contulimus, dedimus et donavimus) in laudem beate virginis et honorem"... et pour rétablir la "tranquillité" des frères suite aux dommages causés par les occupants du terrain concerné.

< MNL DF 209984

La formule de louange à la Vierge, motivation de l'évêque donateur Martin, est rappelée par l'acte de vente du même terrain daté de 1326 : 

in laudem beatissime Virginis Marie

< MNL DF 209986

Pèlerins

Ce couvent est mentionné, entre diverses peines (amendes ou pénitences) en tant que lieu de pèlerinage judiciaire en 1300 (31 octobre), dans une sentence d'arbitrage ou accord de compromis faisant suite à un homicide, et contracté devant le castellanus de Boldvakő : 

Benedictus (...) ad limina beate Virginis Agrie ire tenetur...

< Hazai Okm, t. VII, n°254, p. 300-301

10 - Autres